26 avril 2014

ho ho.....y'en a deux...

Quand j'ai entendu ces quelques mots un jour du mois d'Avril 2010, je n'ai pas compris tout de suite. 
Ou plutôt mon corps a dû comprendre avant mon cerveau car je me souviens très nettement que mon coeur s'est instantanément arrêté de battre. 

- " Deux quoi?", j'ai dit.
- " Deux sacs embryonnaires Madame, vous attendez des jumeaux" a dit la gynéco
- "..." j'ai dit en pleurant
- " Ne paniquez pas, madame, à ce stade là, ça tient pas toujours",  elle a dit
- "..." j'ai dit en pleurant
- " C'est vrai que vos aînés ne sont pas vieux, en plus", elle a dit
- "...." j'ai dit en pleurant.  ("ferme-là, maintenant", j'ai pensé très fort)

Et puis elle a commencé à écrire son compte rendu; elle a écrit J1 et J2 et je voulais lui hurler de ne pas l'écrire. Que de coucher les mots sur le papier, ça rendait la situation beaucoup trop réelle. Comme si j'avais pu avoir la possibilité de revenir en arrière, de tout effacer, mais que ces mots écrits sur le papier annulaient cette possibilité. 

Je suis ressortie sonnée, paniquée, anéantie. 
Des jumeaux.
Mais comment allait on pouvoir survivre à 2 bébés, alors que Preums avait 4,5 ans, et que Deuz venait de fêter ses 2 ans? alors que wonderdad venait de démarrer un nouveau boulot? Etait-ce la fin de ma vie professionnelle? Et notre couple? et mon corps allait il supporter une grossesse à risque? J'ai fait rapidement le calcul dans ma tête. J'allais avoir 4 enfants en 5 ans. Et je ne me sentais absolument pas capable d'affronter cette réalité. 

J'ai appelé wonderdad. En pleurs. Il était sur une autre planète; une planète réunions/boulot/collègues/stratégies commerciales. Il a juste répondu "ho bah c'est cool, c'est mignon des jumeaux". et il m'a promis de me rappeler. 
Il a rappelé. Paniqué. 

Mais on a pensé qu'on allait survivre; qu'on était bien entourés, qu'on avait de la chance de pouvoir vivre confortablement et de se faire aider. De toute façon on n'avait pas le choix. Quand certains se battent pour assouvir leur désir d'enfant, nous nous écroulons à l'idée d'en avoir "trop"...quelle ironie (sentiment de culpabilité...) 

Un peu plus tard, j'ai poussé les portes de l'association de jumeaux de mon département. La dame était gentille, mais pas très prévenante. Elle m'a balancé " La première chose qu'il faut savoir quand on attend des jumeaux, c'est qu'à 6 mois de grossesse, l'utérus a la taille de celui d'une femme à terme d'un singleton (un seul bébé ça veut dire)..." et là, je me suis demandé ce qui allait se passer pendant les 3 mois suivants, et j'ai eu peur.
A 6 mois, effectivement, quand je marchais dans la rue, de ma démarche alerte, souple et gracieuse  des gens inconnus me disaient "courage c'est pour bientôt"...et je disais "non, encore 3 mois"...et j'avais peur. 

Ensuite je me suis renseignée sur les particularités d'une grossesse double; on y parlait de prématurité, et j'ai eu peur. 

J'ai commencé à compter chaque jour qui passait, chaque semaine (SA on dit); j'ai noté les caps dans un carnet (le cap de la viabilité, le cap de la grande prématurité, le cap de la prématurité, puis le cap de "je peux accoucher")
J'ai passé tous les caps. Sans être alitée, sans être hospitalisée, sans menace d'accouchement prématuré. En cavalant tous les jours après mes 2 dingos. 
A la fin, la sage femme qui venait me voir (privilège de grossesse gémellaire) me disait "vous avez vraiment un corps à faire des bébés"... ha bah tant mieux alors. J'étais fière quand même, et soulagée de n'avoir pas eu à affronter des moments que je savais si difficiles. 

A l'approche du terme, on a commencé à parler accouchement. Accoucher d'un bébé, j'ai fait. 2 fois. Sans péridurale. Je vois comment ça fait. Ca fait mal. Très mal, même.  Accoucher de 2 bébés, dont un en siège, je ne vois pas comment je vais pouvoir y arriver si je n'ai pas de péri. J'ai peur. 

Et puis, le jour J est arrivé. 
Elles étaient prêtes, elles avaient bien grandi. 
Mon corps était prêt, j'ai eu la péri. 
Je n'ai pas eu mal, j'étais ravie. 
Elles étaient belles, je les aimées tout de suite. A Vie. 


Chloé (2,7kg) et Camille (2,8kg) - 09 Novembre 2010


6 commentaires:

  1. C'est un texte très émouvant. Tu mets parfaitement en mots ce que nous n'avions évidemment qu'imparfaitement senti. Tu as la chance d'avoir deux filles magnifiques en plus de tes adorables garçons, et moi aussi, je les aime tes jumelles.

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  2. Quel beau texte! En plus d'être une wondermom, tu es une wonder-writer. Embrasse-les bien pour moi en tout cas en attendant de pouvoir le faire de moi-même.

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  3. Trois enfants en 18 mois pour moi, je te comprends ma belle... Gros bisous ! Isa Conan

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    1. You're my inspiration. Je ne te remercierai jamais assez pour Nancy.

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